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LA MALADIE ET LA MORT EN ISLAM
LES 5 PILLIERS DE L'ISLAM
POEMES
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La mort terrestre

Dieu, le Très Haut – qu’il soit exalté – place ce nouvel être dans le monde d’ici-bas jusqu’à ce qu’il ait atteint le terme qui lui est fixé, et épuisé les subsistances qui lui ont dévolues et le lot d’existence qui lui est prescrit. A l’approche de sa fin marquée par la mort terrestre, quatre Anges descendent et se mettent à son chevet : un Ange pour ravir l’âme du mourant à partir de son pied droit, un deuxième pour la ravir à partir de son pied gauche, un troisième à partir de sa main droite et un quatrième à partir de sa main gauche. Il arrive ainsi que les réalités de l’autre monde soient dévoilées au mourant juste avant son agonie finale ; et selon la pureté de ses œuvres, il perçoit les Anges en fonction de leurs attaches dans leur propre monde. Ainsi, si sa langue est encore déliée, il évoque leur présence. Il lui arrive même se répéter la description de ce qu’il voit, de croire alors que ce n’est qu’une illusion de Satan et de cesser tout cela une fois que sa langue est nouée, tandis que les Anges s’affairent à arracher son âme par les extrémités de ses doigts. C’est dire que l’âme quitte son réceptacle comme une goutte d’eau s’arrache de l’outre. Pour ce qui est du libertin, l’extraction de son esprit se fait à l’image d’un clou tiré de la laine humide. Voilà la description qu’en donne celui qui a apporté la Révélation – que Dieu lui accorde Grâce et Paix. D’ailleurs le mourant s’imagine que son ventre est bourré d’épines et il lui semble que son âme doit sortir par le trou d’une aiguille et que le ciel écrase la terre alors qu’il se trouve entre les deux. Lorsqu’on a interrogé Ka’b – que Dieu soit satisfait de lui -  sur le mort, il a dit : « c’est comme un morceau d’épine introduit dans le corps, qu’un homme vigoureux arrache coupant ce qu’il peut et abandonnant le reste ». Le Prophète – que Dieu lui accorde Grâce et Paix – a dit par ailleurs : « un seul des tourments de la mort est plus dur à endurer que trois cents coups d’épée ».

 

A ces instants pénibles, le corps du mourant suinte de sueur, ses yeux s’égarent de frayeur, l’extrémité de son nez se dilate, ses côtes se tendent, le souffle de sa respiration devient haletant et son teint vire au jaune. Ainsi lorsque ‘Aïcha vit l’Envoyé de Dieu – que Dieu lui accorde Grâce et Paix – dans cet état, alors que sa tête était sur ses genoux, elle improvisa ces vers tout en essuyant ses larmes :

 

            « Je donnerais ma vie pour les tourments et les douleurs qui t’assaillent,

            Toi que les Djinns n’ont pas effleuré,

            Toi qui n’a jamais cédé ni à la frayeur ni à la panique,

            Pourquoi dois-je contempler ton visage semblable à une teinture qu’on a fait tremper,

            C’est qu’au moment où le mourant perd son teint que les lumières de ton visage brillent de leur éclat ».

 

Lorsque l’âme se retire pour se concentrer dans le cœur, la langue du mourant est paralysée. Il faut dire que nul ne peut parler tant que son âme se resserre dans sa poitrine, ceci pour deux raisons : la première c’est que l’affaire est trop grave dans la mesure où la poitrine pâtie de la pesanteur de l’âme qui y est rassemblée. Ne vois-tu pas qu’en recevant un coup à la poitrine, l’homme étouffe est succombe ! Parfois il parvient à articuler des sons mais souvent il en est incapable. En effet, tout homme transpercé par un coup réagit par des cris, sauf celui qui à été poignardé dans la poitrine. Car celui-là tombe raide sans pousser le moindre cri. Quant à la seconde raison, elle tient en ceci : comme le mystère de l’ondulation du son de la voix propagée par la chaleur innée s’est éteint, le souffre du mourant s’altère car il est affecté par le déséquilibre des humeurs après la perte de l’influx vital. C’est là où les états des morts diffèrent les uns des autres. Il y a ceux que l’Ange de la mort transperce à ce moment-là avec une lance qui a été auparavant longuement trempée dans du poison provenant du feu de l’Enfer. L’âme de ce mourant se dérobe et tente de quitter précipitamment son enveloppe, mais l’Ange saisit cette âme tremblante comme du mercure, qui, tout en étant réduite à la taille d’une abeille, a gardé sa propre individualité humaine. Ensuite, les Anges la remettent aux gardiens de l’Enfer.


Il y en a d’autres dont l’âme se retire petit à petit jusqu’à ce qu’elle se maintienne dans la gorge, alors qu’il ne reste plus qu’une mince fibre la liant au cœur. C’est alors que l’Ange la transperce avec la lance mentionnée plus haut, car l’âme ne quitte définitivement le cœur que lorsque le mourant reçoit le coup fatal. Or le secret de cette lance, c’est qu’elle a été trempée dans l’océan de la mort. Lorsqu’on la place sur le cœur, le mystère qu’elle renferme se propage à travers tout le corps comme le poison foudroyant. C’est dire que le secret de la vie est déposé dans le cœur qui en forme le réceptacle dès les premiers instants de la conception de l’homme. A ce sujet, un théologien musulman a dit : « La vie n’est pas seulement l’âme, elle a pour signification la fusion qui s’opère entre l’âme et le corps ».

 

Dès que son âme se met en mouvement pour monter et s’élever, le mourant s’expose aux dures épreuves, car Iblis a déjà dépêché ses agents spécialement auprès de cet homme, pour s’occuper de lui. Ils viennent donc vers lui, alors qu’il se trouve dans cet état, et lui apparaissent sous la forme de défunts qui lui étaient chers et qui aimaient lui prodiguer de bons conseils dans ce bas monde, comme par exemple son père, sa mère, son frère, sa sœur ou son ami intime. Ils lui disent alors : « Tu vas mourir, ô toi, un tel. Nous t’avons déjà précédé dans ce domaine. Meurs donc en fidèle juif, car c’est là la religion agréée de Dieu ». S’ils le quittent parce qu’il leur oppose un net refus, d’autres viennent à son chevet et lui disent : « meurs en fidèle chrétien, car c’est la religion du Messie avec laquelle il a abrogé celle de Moïse ». D’autres  encore lui rappellent successivement les credo de chaque religion. C’est à cet instant critique que Dieu voue à leur perte ceux qu’Il veut égarer. Tel est le sens de cette parole de Dieu – qu’Il soit exalté : « Notre Seigneur ! N’égare pas nos cœurs après nous avoir guidés, accorde-nous une miséricorde venant de ta part. C’est toi qui est le donateur par excellence ». C’est-à-dire n’égare pas nos cœurs au moment de la mort après nous avoir guidés vers la foi.

 

Si Dieu – qu’Il soit exalté – veut que son serviteur soit guidé et raffermi, il envoie vers lui sa miséricorde. On a dit que cette miséricorde n’est autre que l’Ange Gabriel – Paix sur lui. L’Ange de la miséricorde chasse alors Satan loin de ce serviteur mourant et efface la pâleur de son visage, de sorte que le mourant sourit incontestablement. D’ailleurs, on voit souvent beaucoup de mourants dans cette situation sourirent de joie et de jubilation à cause de ce Messager de bonne augure venu par la grâce de Dieu – qu’Il soit exalté – lui dire : « O toi, un tel, ne me connais-tu pas ? Je suis Gabriel et ceux-ci sont tes ennemis parmi les démons. Meurs dans la religion primordiale, celle de Mohammad ! » Or, rien n’est plus aimable et plus réjouissant pour cet homme que la présence de cet Ange. C’est là le sens de la parole de Dieu – qu’Il soit exalté : « Accorde-nous une miséricorde venant de ta part, car c’est toi qui est le donateur par excellence ». Ensuite vient la mort selon les dispositions naturelles.

 

Il y a d’autres hommes qui reçoivent le coup mortel alors qu’ils sont debout en prière, ou qu’ils dorment, ou qu’ils vaquent à leurs affaires, ou qu’ils s’adonnent aux plaisirs. Il s’agit dans ce cas d’une mort subite où l’âme est ravie d’un seul coup. Pour d’autres, lorsque leur âme parvient à la gorge, on leur fait voir leurs proches déjà morts. De plus, ils se voient entourés de leurs voisins qui sont morts et ils poussent alors un râle d’agonie que toute chose entend sauf les humains. Si ces derniers l’entendaient, ils seraient terrassés.

 

Cela dit, l’ouïe est la dernière faculté qui se sépare du mourant, car contrairement à la vue qui s’altère dès que l’esprit quitte entièrement le cœur, l’ouïe se conserve tant que l’âme n’est pas ravie. C’est pourquoi le Prophète – que Dieu lui accorde Grâce et Paix – a dit : « Aidez vos morts à répéter la profession de foi : il n’y a d’autre dieux que Dieu et Mohammad est l’Envoyé de Dieu ». Il a toutefois défendu de les forcer à trop la répéter à cause de la terreur épouvantable et de l’agonie terrifiante qu’ils ont à endurer.

 

Ainsi, quand tu fixes le visage d’un mourant et que tu vois sa salive couler, ses lèvres contractées, la couleur de son visage ayant viré au noir et le blanc de ses yeux assombri, sache qu’il est malheureux et que la réalité de sa damnation dans la vie future lui a déjà été dévoilée. En revanche, quand tu fixes un mourant et que tu vois ses lèvres sèches comme s’il souriait, son visage épanoui et ses yeux relâchés sache alors qu’on lui a révélé la bonne nouvelle de la joie qu’il aura dans la vie future et qu’on lui a dévoilé la réalité des honneurs qu’il recevra.

 

 

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