Soudain, alors qu’ils se trouvent dans cet état, une lumière très puissante les irradie. C’est une lumière plus intense que celle du soleil dont ils subissaient la chaleur. Pendant mille ans ils ne cessent de s’agiter et de gesticuler sans que Dieu, le Majestueux, ne leur adresse une seule parole.
Alors les hommes se rendent auprès d’Adam – que la Paix soit sur lui – et lui disent : « O Adam ! O père de l’humanité ! Notre affaire est grave et trop pesante ». Quant au mécréant parmi eux, épouvanté par l’intensité des horreurs qu’il aperçoit, il s’écrie à son tour : « Seigneur ! Délivre-moi, même en m’envoyant en Enfer ! » Puis ces hommes disent : « O Adam ! Tu es celui que Dieu a créé de Sa propre main. Il a insufflé en toi Son esprit. Intercède pour nous auprès de Dieu pour qu’Il prononce le Jugement, car notre situation se prolonge et nous sommes toujours de plus en plus violemment pressés les uns contre les autres. Que l’on dispose que nous selon la volonté de Dieu – qu’Il soit glorifié et exalté – et que l’on fasse de nous ce qu’Il voudra ». Adam leur répond : « J’ai désobéi à Dieu quand Il m’a défendu de manger du fruit de l’arbre interdit. Aussi, dans mon état, j’aurai vraiment honte de Lui adresser la Parole. Mais allez voir Noé – que la Paix soit sur lui, car il est le premier des envoyés ».
Ils mettent alors mille ans à se concerter entre eux puis se rendent auprès de Noé et lui disent : « Tu es le premier des envoyés » et ils rapportent ce qu’ils avaient déjà dit à Adam. Puis ils lui demandent d’intercéder pour eux auprès de Dieu pour qu’Il prononce le Jugement à leur encontre. Mais Noé leur répond : « J’ai adressé à Dieu une invocation par laquelle tous les habitants de la terre on été engloutis dans le déluge. Aussi, j’aurai vraiment honte de faire une telle demande à Dieu – qu’Il soit exalté. Mais allez voir Ibrahim car il est l’ami de Dieu – qu’Il soit exalté. En plus, c’est lui qui vous a déjà donné le nom de musulmans. Peut-être qu’il intercèdera pour vous ! ».
Ils mettent alors mille ans à se concerter entre eux puis vont auprès d’Ibrahim – que la Paix soit sur lui – et lui disent : « O Ibrahim ! O père des musulmans ! Tu es celui que Dieu a pris comme ami, intercède en notre faveur auprès de Dieu. Peut-être tranchera-t-Il les affaires de Ses créatures ! » Il leur dit : « J’ai commis à l’égard de l’Islam trois mensonges avec lesquels j’ai discuter pour défendre la religion de Dieu. Aussi, j’ais honte de demander à Dieu de m’accorder l’intercession en pareille circonstance.
Mais allez voir Moïse – que la Paix soit tu lui, car Dieu l’a paris comme interlocuteur et l’a admis auprès de Lui comme confident. Peut-être intercèdera-t-il en votre faveur ! ».
Ils mettent encore mille ans à se concerter entre eux alors que leur situation ne fait qu’empirer et que leur état devient de plus en plus critique. Puis ils se rendent auprès de Moïse et lui disent : « O fils d’Imran ! Tu es celui que Dieu a pris comme interlocuteur, qu’Il a admis comme confident et qui t’a rêvé la Thora. Intercède pour nous afin qu’interviennent le Jugement, car notre attente se prolonge, notre cohue s’aggrave, nos pieds s’empilent les uns sur les autres et les cris des croyants et des mécréants montent devant le prolongement de l’attente ». Moïse leur répond : « J’ai demandé à Dieu – qu’Il soit exalté – d’infliger des années de disette et d’afflictions aux partisans du Pharaon et d’en faire un exemple édifiant pour la postérité. En plus, j’ai tué un homme. Aussi, j’aurai honte de demander à Dieu – qu’Il soit exalté – de m’accorder l’intercession en pareille circonstance, par égard aussi à d’autres motifs dans l’entretien secret que nous avons eu, qui font allusion à une éventuelle exposition (des hommes) à leur perte. Néanmoins Sa miséricorde est immense et Il est un Seigneur qui aime pardonner. Mais allez voir Jésus – que la Paix soit sur lui. Parmi les envoyés, il est celui qui a la certitude la plus ferme, celui qui connaît le mieux Dieu – qu’Il soit exalté, celui qui est le plus ascétique et le plus sage. Peut-être intercèdera-t-il pour vous ! ».
Ils mettent mille ans à se concerter entre eux, alors que leur situation ne fait qu’empirer, que leur état devient de plus en plus critique et qu’ils ne cessent de gémir et de se lamenter : « Combien de temps devrons-nous aller ainsi d’un envoyé à un autre et d’un élu à un autre ? » Puis ils se rendent auprès de Jésus et lui disent : « Tu es l’Esprit de Dieu et Son verbe. Tu es celui que Dieu a surnommé l’Illustre dans le monde terrestre et dans l’autre monde. Intercède pour nous auprès de ton Seigneur pour qu’Il prononce le Jugement ». Jésus leur répond : « Mon peuple m’a pris, moi et ma mère, pour deux divinités à la place de Dieu. Comment oserai-je intercéder en votre faveur auprès de Celui à côté duquel on m’a adoré, dont on a prétendu que je suis le fils et qu’Il est mon père ? Mais voyez-vous, si l’un de vous a une bourse qui renferme de l’argent et qui soit scellée par un sceau, pourrait-il parvenir au contenu de cette bourse s’il n’enlevait pas auparavant le sceau ? » Ils lui disent : « Oui, certainement, ô Prophète de Dieu ! » Il leur dit alors : « Allez voir le Prince des envoyés et le Sceau des prophètes, mon frère l’Arabe. Car il a gardé son invocation pour intercéder en faveur de sa Communauté ». Pourtant, des gens de son peuple lui ont fait beaucoup de mal : ils l’ont blessé au front, ils lui ont brisé sa molaire et ont même prétendu qu’il y avait une filiation entre lui et les démons. Pourtant, il est certainement le plus noble, le plus glorieux et le plus élevé en dignité parmi eux, lui qui leur répétait les paroles de Joseph à ses frères : « Aujourd’hui : Dieu vous pardonnez, car Il est le plus miséricordieux ». Ensuite Jésus se met à énumérer les mérites de Mohammad – que Dieu lui accorde Grâce et Paix – que leurs oreilles aiment tant entendre si bien qu’ils sont pris d’un désir passionné de se rendre auprès de lui.
Ils gagnent alors la chaire de Mohammad – que Dieu lui accorde Grâce et Paix – et lui disent : « O Envoyé de Dieu ! Tu es le Bien-aimé de Dieu. Or le Bien-aimé est le plus considéré des médiateurs. Intercède pour nous auprès de ton Seigneur, car nous sommes allés voir notre père Adam et il nous a renvoyés vers Noé, nous sommes allés voir Noé et il nous a renvoyés vers Ibrahim. Nous sommes allés voir Ibrahim et il nous a renvoyés vers Moïse, nous sommes allés voir Moïse et il nous a renvoyés vers Jésus, nous sommes allés voir Jésus et il nous a renvoyés vers toi – que Dieu t’accorde Grâce et Paix. Après toi il n’est plus personne à qui nous puissions présenter notre requête. D’ailleurs nous ne pouvons pas nous passer de toi ». Le Prophète dit alors : « Je sui si l’homme de la situation, jusqu’à ce que Dieu donne l’autorisation à qui Il veut et soit satisfait ». Ensuite il s’avance vers les pavillons de la Majesté. Il demande la permission d’y accéder et on la lui donne. Il soulève alors les voiles et accède au Trône. Il tombe prosterné et garde cette posture pendant mille ans. Puis il adresse à Dieu – qu’Il soit exalté – des louanges telles que personne ne les Lui avait jamais adressées auparavant. Certains hommes versés dans la connaissance disent à ce propos qu’il s’agit des louanges que Dieu s’est adressé à Lui-même le jour où Il a achevé la Création. Le Trône s’ébranle pour lui faire honneur, car il a reçu l’un des feuillets.
Pendant ce temps le lieu de rassemblement des hommes est devenu trop étroit, leur situation ne cesse de s’aggraver et les causes de leur effroi ne font que se multiplier. Chacun d’eux croule sous le poids de ses manquements en matière d’aumône légale dans sa vie terrestre : celui qui ne s’est pas acquitté de l’aumône légale en matière de possession de chameaux porte sur le dos un chameau dont le mugissement s’apparente au grondement du tonnerre et dont le poids équivaut à celui d’une grande montagne ; celui qui ne s’est pas acquitté de l’aumône légale en matière de possession de bovins porte sur le dos un taureau dont le beuglement s’apparente au grondement du tonnerre et dont le poids équivaut à celui d’une grande montagne ; celui qui ne s’est pas acquitté de l’aumône légale en matière de possession de récole porte sur le dos d’énorme sacs remplis de l’espèce de grain dont il s’est montré avare, du froment par exemple ou de l’orge, et ces sacs extrêmement lourds ne cessent de leur annoncer des malheurs et des pertes ; celui qui ne s’est pas acquitté de l’aumône légale en matière de possession d’argent porte sur le dos un serpent chauve avec deux taches noires au-dessus des yeux dont la queue s’enfonce dans les narines du contrevenant, et s’enroule autour de son cou tout en l’écrasant par son poids, comme si cet homme portait un collier composé de toutes les meules de la terre. Chacun de ces hommes s’écrie : « Qu’est-ce ? » et les Anges leur réponde : « C’est ce dont vous vous êtes montrés avares sur la terre par convoitise et par cupidité ». C’est ce qu’indique la Parole de Dieu – qu’Il soit exalté : « Au jour de la Résurrection ils seront revêtus comme d’un collier de ce dont ils se sont montrés avares ».
Il est d’autres hommes dont le sexe enfle et charrie du pus qui, par sa mauvaise odeur, incommode leurs voisins. D’autres encore sont crucifiés sur des supports en Feu. D’autres encore ont la langue pendante sur leur poitrine et donnent un spectacle affreux. Ce sont ceux qui ont commis l’adultère, les pédérastes et les menteurs. Il en est d’autres enfin dont le ventre grossit et devient semblable à une montagne ès élevée : ce sont les usuriers. Ainsi, tout auteur d’un péché se voit porteur de ce qu’il a commis.