Quant à l’homme licencieux, on arrache violemment son âme alors que son visage prend la teinte de celui qui a mangé de la coloquinte et l’Ange lui dit : « Sors, ô âme perverse, de ce corps pervers ! » Le mourant pousse alors un cri strident, semblable au braiment des panes. L’Ange de la, Izra’il, remet cette âme qu’il a saisie à des geôliers aux visages lugubres, aux vêtements noirs, qui dégagent des odeurs fétides et qui tiennent dans leurs mains des bures de cuir dans lesquelles ils l’enveloppent. Cette âme se métamorphose en un individu humain qui a la teille d’une sauterelle. Car le mécréant possède un corps plus volumineux que celui du croyant. Il s’agit bien sûr des corps qu’ils auront dans l’autre monde. Il est, du reste, dit dans les Recueils authentiques de Hadtihs que dans l’Enfer la dent tu mécréant à la taille de la montagne d’Ouhoud.
Puis commence l’ascension de cet homme licencieux jusqu’au seuil du ciel inférieur. L’Ange qui l’accompagne frappe à la porte du ciel et on lui demande : « Qui es-tu ? » Il répond : « C’est un tel, fils d’un tel », et il le désigne par le plus affreux de ses noms, par celui que cet homme détestait le plus dans sa vie terrestre. On lui dit : « Point de bienvenue pour un tel homme », et on ne lui ouvre pas les portes du ciel : « Les portes du ciel ne serons pas ouvertes à ceux qui auront traité nos signes de mensonges et à ceux qui s’en seront détournés par orgueil : ils n’entreront pas dans le paradis aussi longtemps qu’un chameau ne pénètrera pas par le trou d’une aiguille ». Quand l’Ange entend cette réponse, il le lâche. Alors le vent s’empare de lui et le fait tomber dans l’abîme. C’est ce qu’indique la Parole suivante de Dieu – qu’il soit magnifié et exalté : « … Quiconque associe quoi que ce soit à Dieu se trouve comme s’il était tombé du ciel ; un oiseau de proie le saisit alors et l’emporte, ou bien le vent le précipite dans l’abîme ». Quel déshonneur pour cet homme ! Quand on le ramène sur le sol dur, les geôliers (al-Zabanya) se saisissent de lui et l’emmènent à Sijjin qui est un immense rocher qui abrite les esprits impies.
Quant aux Juifs et aux Chrétiens, ils sont renvoyés du Trône vers leurs tombes s’ils sont morts dans leur Foi et s’ils ont été ensevelis et inhumés selon leurs propres traditions ? Pour ce qui est du polythéiste, il ne verra rien de tout cela, car il sera poussé vers l’abîme. Quant à l’hypocrite, il aura le même sort réservé au polythéiste et se verra renvoyer avec mépris dans sa tombe.
Quant aux croyants négligents, leur situation diffère selon les cas : il y en a qui sont repoussés par leur prière, car lorsque le serviteur triche dans sa prière et ne l’accomplit pas convenablement, on enroule sa prière comme s’il s’agissait d’un morceau d’étoffe et on la lui jette à la face. Ensuite, sa prière monte au ciel en se plaignant et en disant : « Que Dieu te néglige comme tu m’as négligée ». Il y en a qui sont repoussés par leur aumône légale parce qu’il s’en acquittent uniquement pour qu’on dise d’eux qu’ils sont généreux. Il leur arrive aussi de donner leur aumône légale aux femmes légères pour se concilier leur bonne grâce. Ce sont des cas dont nous étions témoins. Que Dieu nous préserve d’encourir un tel châtiment ! Il y en a également qui sont repoussés par leur jeûne. Ils se privent de nourriture mais ne retiennent pas leur langue, ce qui constitue une attitude obscène et une perdition pour eux puisqu’ils passent le mois du jeûne dans la négligence. Il y en a aussi qui sont repoussés par leur pèlerinage, soit parce qu’ils accomplissent ce rite uniquement pour qu’on dise d’eux : un tel a fait le pèlerinage, soit parce qu’ils l’ont fait au moyen d’argent illicite. Il y en a enfin qui sont repoussés par leur désobéissance envers leurs parents.
C’est dire que toutes les bonnes actions ne sont connu que des savants versés dans la connaissance intime des règles qui régissent les rapports humains et qui savent comment agir pour consacrer ses actes exclusivement au Roi et à l’Eternel Donateur. Toutes ces significations sont attestées par les Traditions et des Récits comme celui que rapporte Mou’adh Ibn Jabal – que Dieu soit satisfait de lui – sur les œuvres non agréées, etc. J’ai seulement voulu mettre la chose à la portée de mes lecteurs, car l’eut été la contrainte d’être bref, je remplirai des volumes qui confirment mes dires. Du reste, les hommes versés dans la Loi religieuse connaissent la vérité de ces choses comme ils connaissent leurs propres enfants.